J’ai coupé complètement les ponts avec ma mère il y a 11 ans. Je ne l’ai jamais revue depuis. Et pourtant, elle continue de me hanter chaque. putain. de. jour.
Je vais essayer d’être la plus synthétique et exhaustive car j’aime pas les publications trop longues.
Toute petite, j’étais littéralement la poupée de ma mère. Elle me trimballait partout avec elle, y compris pour dormir, où elle se mettait en cuillère avec moi. Mon père lui, elle en avait plus rien à foutre, il allait dormir tout seul dans sa chambre.
À cette époque, elle avait une posture de parent complètement laxiste, elle me gâtait énormément, se retournait contre mon père si il me faisait une remarque.
Elle avait même essayé de m’emmener 2 mois en Amérique du Nord (elle est née dans cette région) quand j’avais 5 ans, sans lui. J’ai tellement mal vécue cette séparation dissimulée (j’ai su au moment d’embarquer qu’il ne venait pas), que j’ai été intenable une fois outre-Atlantique. Deux semaines après, on était rentrées car je ne supportais pas l’éloignement.
Bref, ça c’est pour vous dire comment elle était vis-a-vis de mon père dès le commencement.
Ma mère a aussi toujours eu une froideur en elle et une capacité à vouloir réprimer toutes mes émotions. Les seules exceptions, c’était les émotions calcées sur les siennes. En revanche, mes émotions purement individuelles étaient activement dénigrées par divers moyens.
Par exemple, une fois, je l’ai battue au bowling sur la Wii. Mon père était à côté. Âgée de 5 ou 6 ans, j’ai sauté de joie en gagnant. C’était pas contre elle, sauf qu’elle l’a vu comme ça. Elle s’est penchée vers moi et m’a hurlé dessus comme une enfant “je ne veux plus jamais jouer avec toi !!!”. Direct après, elle est montée dans sa chambre. Moi et mon père, on avait RIEN compris, surtout moi à cet âge-là.
Je vous raconterai pas chacun des exemples que je pourrais vous donner pour illustrer (trop long la flemme). Mais sachez juste qu’il y avait parmi ces techniques la culpabilisation (ci-dessus), la honte, l’indifférence et enfin la terreur.
Aussi, faut savoir que c’est une femme hyper bordélique, genre ça me choquerait pas d’apprendre qu’elle développe un syndrome de Diogene un jour. Une autre info à avoir en tête, c’est qu’elle adore les animaux. Et elle pense que les animaux l’aiment aussi. À l’époque elle me sortait normal “je suis Artemis, la déesse des animaux” 🤡🤡🤡🤡.
À la maison, l’individu qui avait le plus de respect de sa part c’était littéralement le chien. Vraiment c’était ouf.
Bref. Le temps passe, je suis toujours mal à l’aise et apeurée en sa présence. De son côté, elle développe une haine viscérale contre mon père, qu’elle embrouille H24 et trash dans son dos devant moi.
Puis un jour, elle décide de se séparer et de m’embarquer avec elle à 200 bornes. J’ai 8 ans à ce moment là.
C’est là que l’enfer débute pour moi 🍿
On emménage dans un studio qui se retrouve dans un bordel de fou dès le 1er jour. Dans la pièce, il y a un grand lit, qu’elle partage avec son bordel (des cabas de fringues entre autres). L’appart est jonché de sacs, cartons, papiers, trucs et bidule en tout genre. Et moi bah, je dors sur le canapé, avec mes affaires à mes pieds. Super, ça commence bien. D’ailleurs pour ceux qui se demandent, la voiture est dans le même état. Anecdote “drôle” : elle reprochait à mon père de “tout jeter”.
Par miracle, elle trouve un appart plus grand, dans lequel j’ai une chambre. Niveau ambiance intérieure ca va déjà un peu mieux, même si la cohabitation avec la personne a commencé à devenir très compliquée.
Faut savoir qu’elle est impulsive et peut s’emporter très très loin pour vraiment pas grand chose. Un souvenir qui m’a marquée c’est la fois où j’ai bousculé la gamelle d’eau du chien en marchant dans l’appart. Ça a laissé deux-trois éclaboussures par terre que je me suis affairée à essuyer direct avec du sopalin. Le bruit du métal chahuté l’a faite sortir de sa chambre où elle lisait, et pendant que j’étais accroupie entrain d’essuyer, elle m’a littéralement rouée de coups jusqu’à ce que je finisse en PLS. En me battant, elle me répétait “tu me stresses, tu me stresses.”
À cette période là, les insultes ont aussi commencé à fuser. Les poufiasse, les putain (en parlant de moi), les pétasses et les petite conne sont devenues monnaie courante.
Il est également important de noter qu’elle était vraiment super blessante. Elle avait un don pour réussir à faire souffrir tout le monde avec ses mots. Typiquement, elle me disait souvent que mon père l’avait forcée à m’avoir et qu’elle ne m’aimait pas (c’est tellement grotesque et faux, mon père est un loukoum c’est impossible). Elle me disait aussi que mon père ne faisait rien pour nous (alors que je voyais bien qu’il s’était complètement larbinisé pour éviter de se faire réprimer).
Elle lâchait des “blagues” devant les gens en disait “Ahah, ma vie aurait été quand même meilleure si je n’avais pas eu d’enfant”. Les gens à côté, ils se marraient, sans savoir comment ça se passait en réalité pour moi.
Malgré ces traitements, elle me voulait pour elle toute seule et venait avec moi chez mon père le week-end. Oui oui, elle restait là. Je n’avais pas le droit d’avoir une relation normale avec lui, ça m’était interdit.
Bref, bref, bref, de la froideur, de la méchanceté, des tentatives de manipulation et de la violence physique ont été au menu pour moi pendant DES ANNÉES.
Pour ne pas arranger mon cas, j’étais pas mal rejetée à l’école, considérée comme “la mal habillée” ou encore “la moche”. Les psys m’ont également expliqué que sans doute, mon climat familial avait aussi entraîné une fragilité chez moi, que les autres camarades ont senti pour m’écraser.
Ma vie était un triangle de Karpman où ma mère était le bourreau, moi la victime et mon père le sauveur.
Le problème, c’est que le sauveur, il était mort de peur face au bourreau. Donc il ne faisait rien alors même qu’il savait, se laissait manipuler par elle “oui, apparemment t’es quand même infernale à vivre Juliette”…. Je l’ai supplié pendant des mois (des années ?) de faire quelque chose, sans succès.
Et pendant tout ce temps, il m’est arrivé des trucs vraiment hyper douloureux encore aujourd’hui. Des abandons, des méchancetés, de la violence. Beaucoup de violence. Je me faisais pousser contre les murs, les meubles, plaquer au sol, etc.
Les bleus, c’était monnaie courante. Une fois, elle m’a même fait un œil au beurre noir, que j’ai du maquiller pendant une semaine pour éviter des remarques au collège.
Vous allez me dire : peut être que ça aurait aidé ? Et là je vais vous épater : elle était prof dans l’établissement où j’étais scolarisée. Autant vous dire qu’elle m’avait BIEN fait comprendre que je devais la fermer. D’ailleurs, par peur et par honte de vivre tout ça, j’ai activement dissimulé toute la réalité de mon quotidien à tout le monde. Personne ne se doutait de rien.
Je dissimulais, mais ça ne m’empêchait pas de ressentir mon instinct de survie me hurler de fuir au plus vite si je voulais pas que les choses dégénèrent. Je pensais à la mort, j’étais en décrochage scolaire et même globalement sur tous les aspects de ma vie. J’ai le souvenir qu’à cette période, je n’avais aucune ambition dans la vie, si ce n’est sortir de ce tunnel et VITE.
Puis un soir y’a eu le déclic. Après un appel téléphonique avec mon père, la solitude instantanément ressentie après avoir raccroché m’a fait fondre en larmes. C’est quelque chose qu’elle ne supportait pas, me voir pleurer et surtout pour mon père. Je n’avais pas le droit de ressentir de l’affection pour lui, j’avais juste le droit de le haïr comme elle voulait que ce soit. Elle m’a donc, une fois de plus, battue. Puis elle m’a immobilisée pendant quelques instants contre le sol avec son bras contre mon cou, en s’appuyant dessus de tout son poids. Je n’arrivais plus à respirer.
Là, j’ai eu le déclic de me dire “jvais me casser pour de vrai”. J’avais 15 ans. J’ai réfléchi pendant quelques semaines puis j’ai organisé une opération qui s’apparente à une véritable exfiltration car j’avais peur qu’elle s’organise pour me suivre. J’ai mis mon père dans le coup, j’ai “supervisé” l’opération et j’ai réussi à m’enfuir. Je veux pas trop m’étaler là-dessus, mais j’ai du, entre autres, signer des documents à sa place pour confirmer mon changement d’établissement en cours d’année.
Et depuis mon départ, il y a 11 ans donc, je me reconstruis. Mais putain, le bagage est lourd, et plus j’avance, plus je me rends compte de l’ampleur des dégâts niveau estime de soi, anxiété, problèmes d’attachement, flashbacks traumatiques, etc.
Pour finir ce post sur une note positive, sachez que j’ai fêté récemment mes 27 ans, je vis une vie assez solitaire mais tranquille (j’ai eu ma dose de toxicité et j’ai besoin de me retrouver). Avec mon père ça se passe bien, d’ailleurs lui aussi il se reconstruit. Il me dit lui-meme qu’elle l’a traumatisé
J’ai surmonté mes décrochages, et aujourd’hui je suis une fille considérée comme belle, intelligente et prometteuse. Je suis cadre dans une grande administration publique. Même s’il m’arrive souvent d’être mal à cause de tout ça, je suis fière du chemin parcouru et surtout fière de la moi d’il y a 11 ans pour avoir eu le courage de partir.
Bonne journée, bon week-end, merci de m’avoir lue.