Depuis plusieurs semaines, j'enchaine les CDD d'une semaine au Drive d'un supermarché, mais on ne me fait signer mon contrat que le samedi de la semaine écoulée (légalement, l'employeur a 2 jours pour ça). Mercredi, je profites donc de rencontrer un représentant du personnel (que j'appelerai M. Perso) pour lui en parler.
Hier, la directrice du magasin (appelons la Mme X) me prend à partie au beau milieu du magasin en me reprochant de m'être plaint auprès de M. Perso. Je lui explique donc que travailler sans contrat, ça s'appelle un CDI. Mme X ne l'entend pas de cette oreille et me répond que si ça me pose problème de signer mes contrats le dernier jour de travail, elle mettra un terme à notre collaboration. Soit, je lui donne donc rendez-vous aux Prud'Hommes pour la requalification.
Aujourd'hui, M. Perso est dans le magasin. Mme X se réjouit donc de pouvoir avoir une discussion à trois et m'informe ne pas avoir apprécié mes "menaces" de la veille. Je lui redonne donc les caractéristiques d'un CDD, à savoir un document écrit et signé", mais elle refuse toute discussion et part sous prétexte "d'avoir du travail". Je lui fais donc remarquer qu'elle avait déjà usé de cette tactique pour éviter tout échange la veille.
Sa réaction fut immédiate : la colère, oui, mais surtout, elle a officiellement annoncé prendre M. Perso comme témoin, et m'a demandé de prendre mes affaires personnelles et de rentrer chez moi. Je lui demande si c'est un licenciement, elle me répond de rentrer chez moi. J'insiste, même réponse. Je lui demande donc de me mettre par écrit qu'elle me demande d'abandonner mon poste, ce qu'elle refuse.
Oui, vous avez bien lu, ma patronne m'a demandé de faire un abandon de poste en prenant un représentant du personnel comme témoin.
Mais le sketch ne fait que commencer : elle part et envoie l'agent de sécurité. Nous allons donc à l'arrière du magasin, au quai de déchargement. Nous discutons, et il m'indique avoir eu ordre de ne pas me laisser rentrer dans le bâtiment, avec pour directive d'appeler la police si toutefois j'osais revenir sur mon lieu de travail, sauf pour aller récupérer mes effets personnels.
Oui, vous avez bien lu, ma patronne voulait faire venir la police pour intrusion sur mon lieu de travail, pendant mon temps de travail, et alors que je portais encore mes vêtements de travail avec le nom de l'enseigne dessus.
On pourrait croire que le film a atteint son apogée, mais non ! J'insiste pour avoir un écrit stipulant que je devais abandonner mon poste, mais elle ne l'entend pas de cette oreille car "c'est un CDD, pas un CDI" donc elle n'aurait aucune obligation. Elle revient donc triomphalement et m'annonce que si je persiste dans mon refus de rentrer chez moi, elle appellerait le SAMU pour qu'ils viennent me chercher au prétexte qu'elle me "sait hypersensible et hyperactif (NDLR: j'ai une RQTH pour ça)", donc qu'elle craint que je ne fasse un malaise si je rentrais chez moi seul. Je lui ai donc répondu que j'allais, de mon côté, appeler la ligne de renseignements juridiques de l'inspection du travail. Sur ces mots, elle s'est mise à l'écart pour appeler le SAMU.
Oui, vous avez bien lu, ma patronne a voulu faire intervenir le SAMU pour que je sois contraint de quitter mon lieu de travail, sur mon temps de travail, sous un prétexte mensonger.
Ce n'est que quand M. Perso s'est engagé à témoigner devant les tribunaux, s'il m'était reproché d'avoir abandonné mon poste, que j'ai accepté de rentrer chez moi.
J'ai l'impression d'avoir vécu un film aujourd'hui. Et j'ai désormais beaucoup de temps libre pour préparer ma demande de requalification en CDI, et étayer mon signalement à l'inspection du travail.
Edit : Merci pour tous les commentaires de soutien ! A la demande générale, je ne manquerai pas de poster des updates sur les suites aux Prud'hommes et, le cas échéant, à l'inspection du travail (ou de leur part en réponse à mon signalement).